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8 novembre 2004

Les défis du droit individuel à la formation

Les Echos du 8 novembre 2004 

Les défis du droit individuel à la formation

A l'heure de sa mise en oeuvre et des premières applications concrètes, la réforme de la formation professionnelle fait toujours débat dans les entreprises.

 
Et maintenant ? Pendant plusieurs années, formateurs et DRH ont eu les yeux rivés sur l'horizon de la réforme de la formation professionnelle, et sur les négociations menées à ce sujet entre partenaires sociaux. Depuis le 4 mai dernier, c'est chose faite : la loi est entrée en vigueur, instituant notamment le DIF (droit individuel à la formation) et modifiant l'élaboration et le suivi du plan de formation pour toutes les entreprises. De quoi bouleverser l'équilibre d'un marché qui « pèse » plus de 20 milliards d'euros. Mais, aujourd'hui, d'autres préoccupations taraudent l'ensemble des acteurs : comment mettre en oeuvre le nouveau dispositif ? Quelle en sera la portée, notamment au plan financier ? Quels sont les écueils à éviter, les difficultés à prévoir, les démarches à suivre ? « Les réponses diffèrent largement d'une firme à l'autre, relève Philippe Joffre, directeur général de Foragora. Faut-il par exemple développer un savoir-faire interne en matière d'ingénierie de la formation ? Et qui va s'en charger ? »
 
Pour tenter d'éclairer le paysage, les organismes de formation sont montés au créneau, épluchant le contenu des textes, multipliant colloques, ateliers et séminaires. Demos, par exemple, a mobilisé pendant plusieurs mois l'ensemble de ses consultants pour aider les entreprises à « s'emparer » de la réforme. Car, à l'évidence, après le temps de la réflexion et de la négociation, c'est d'informations et de conseils pratiques que les entreprises ont aujourd'hui besoin.
 
Une soixantaine de prestations
 
Ainsi, selon une enquête récente de la Cegos, seuls 41 % des DRH et responsables de formation ont mesuré l'impact de la réforme sur la politique de leur société. Dans le même temps, les premières offres spécialisées adaptées au nouveau contexte voient le jour : la Cegos lance ainsi un catalogue d'une soixantaine de prestations accessibles au titre du DIF. Ces contenus font notamment appel au e-learning et visent en particulier à répondre aux besoins des salariés en termes de culture générale et d'efficacité personnelle.
 
Mais c'est surtout le DIF qui fait l'objet de toutes les attentions. Certains ont vu dans cette mesure phare de la réforme une évolution majeure, susceptible de déboucher sur une véritable évolution des mentalités vis-à-vis de la formation, d'ouvrir la voie à de nouvelles relations entre entreprises et salariés, et de stimuler le développement des compétences, notamment chez les moins qualifiés. D'autres, en revanche, redoutent que le DIF ne permette, au final, à l'entreprise de dicter ses priorités. Les premiers accords de branche - une bonne vingtaine ont déjà été signés - semblent de fait aller dans ce sens. La tentation peut aussi exister chez certains DRH de réduire les coûts de la formation - par exemple en la développant hors du temps de travail, via le DIF. Inversement, nombre d'entreprises craignent d'avoir à faire face à des contraintes très lourdes, notamment au plan financier. Quant aux salariés, 54 % d'entre eux, selon la Cegos, privilégient le développement des compétences directement liées à leur métier. Président de l'OPQF (1), Bernard Monteil s'inquiète pour sa part d'une évolution vers « des démarches de type commercial », qui verraient par exemple les organismes de formation solliciter directement les salariés pour leur proposer leurs services. « La qualité de la formation y gagnerait-elle réellement ? », se demande-t-il.


D'autres pistes de réflexion

 
Reste que le DIF n'est pas le seul point de la réforme qui fasse débat. L'élaboration du plan de formation, la mise en oeuvre de l'entretien professionnel, la place du bilan de compétences et la politique de communication interne sont autant de sujets qui méritent réflexion. « Pour les OPCA (2), c'est un changement radical qui se profile, estime ainsi Jacques Solovieff, directeur général de la FAF-TT (3). Avec la réforme, la priorité va aux individus plus qu'aux dispositifs. Cela peut induire pour nous de nouvelles missions : aide à l'élaboration du projet professionnel, observatoire du coût de la formation...»
 
Un point de vue que partage Marc Dennery, vice-président du GARF (Groupement des animateurs et responsables de formation) et auteur d'un ouvrage sur le sujet (4) : « En réalité, souligne-t-il, cette réforme conduit à repenser l'organisation de l'ensemble de la fonction formation. » Le chantier commence maintenant.

JEAN-CLAUDE LEWANDOWSKI

(1) Office professionnelde qualification des organismes de formation.(2) Organismes paritaires collecteurs agréés.(3) Fonds d'assurance-formation du travail temporaire.(4) « Réforme de la formation professionnelle : les cléspour réussir sa mise en oeuvre » (Ed. ESF).
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